Paris 2024 : le challenge écologique

Article : Paris 2024 : le challenge écologique
Crédit: Diema - Pixabay
9 juillet 2024

Paris 2024 : le challenge écologique

À la faveur des Jeux olympiques et paralympiques 2024, Paris va accueillir plus de 15 millions de visiteurs et environ 15 000 athlètes et 20 000 journalistes cet été. Aucune mobilisation humaine d’une telle ampleur n’a jamais été sans impact sur l’environnement. Transports, aménagement des sites de jeux, construction de nouveaux logements, tout cela a un coût, certes financier, mais surtout environnemental. Paris fera-t-elle mieux que Rio en 2016 ? Corrigera-t-elle les erreurs de Sotchi en 2014 ? Nous évaluons les armes dont la France dispose pour se positionner parmi les meilleurs amis de l’environnement dans cet article.

Mains de protection des anneaux olympiques / Crédit : Diema – Pixabay

Quelle est l’empreinte carbone des Jeux Olympiques ?

Selon le site officiel de l’événement, « en excluant l’édition de Tokyo 2020 organisée sans spectateurs, l’empreinte carbone moyenne des dernières éditions des Jeux s’établit à 3,5 millions de tonnes équivalent CO2 (teqCO2). » Qu’est-ce que cela signifie-t-il ? Pour comprendre cette estimation, il faut se référer à la méthodologie de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, le bilan carbone. Celui-ci intègre tous les gaz à effet de serre émis dans le cadre d’une activité donnée. Ainsi, on estime que l’organisation et le déroulement d’une édition des Jeux Olympiques entrainent l’émission de 3,5 millions de tonnes équivalent CO2 en moyenne.

Le premier facteur de ces émissions est le transport. « L’impact climatique d’un évènement sportif organisé dans des conditions normales est dû en moyenne à 80% aux déplacements des spectateurs… La venue des spectateurs étrangers dans le pays hôte représentent 75% des émissions du transport, devant les déplacements en France durant la compétition, et loin devant les émissions liées aux déplacements des équipes et du staff (1% des émissions du transport), qui font pourtant l’objet d’une couverture médiatique très intense », peut-on lire sur Carbone4.com.

Les autres postes d’émission des GES sont, entre autres, les types de logements construits pour accueillir les différents acteurs des JO, le genre de chauffage utilisé, la restauration, la mobilité entre les lieux d’hébergement et les différentes aires de jeux, les achats de biens manufacturés et les loisirs et la gestion des déchets.

Avion sur la piste
Un avion sur la piste / Crédit : TobiasRehbein – Pixabay

Sotchi en 2014 et Rio en 2016, les mauvais exemples

La Russie a organisé l’un des événements sportifs les moins respectueux de l’environnement en 2014. Les Jeux Olympiques (JO) d’hiver organisés dans une station balnéaire n’a pas fait que des heureux. L’artificialisation à outrance de Sotchi a entrainé une transformation dommageable de cette station balnéaire et l’arrestation de plusieurs défenseurs de l’environnement. « Les espaces verts du centre ont été détruits pour laisser la place à plus de 41 000 chambres d’hôtel… », comme l’a indiqué notre-planete.info. Au rang des désastres écologiques causés par les JO d’hiver de Sotchi, on a également enregistré la gestion catastrophique des tonnes de déchets « rejetées en pleine nature dans des décharges à ciel ouvert sous forme de montagnes ». Ces immondices ont entrainé la pollution de l’air et des eaux.

Deux ans plus tard, Le Brésil n’a pas fait mieux.

En 2016, 28 500 athlètes et membres du staff s’y sont rendus en avion pour les Jeux Olympiques de Rio. Ils ont acheté et loué 30 millions d’articles et consommé 6 000 tonnes de nourritures desquelles ont émané 17 000 tonnes de déchets. Pour leurs déplacements vers et dans la ville de Rio, le comité d’organisation a mobilisé 1 500 bus qui ont fonctionné avec 23 500 litres de carburant. Au total, ce sont 3 600 000 tonnes de CO2 qui ont été émis lors des JO de Rio, soit 100 000 tonnes de CO2 supérieures à la moyenne. À la suite des désagréments importants causés par les Jeux olympiques de Sotchi en 2014, puis ceux de Rio en 2016, le Comité international olympique (CIO) a décidé de mettre un accent particulier sur l’aspect écologique des Jeux.

Tramway en ville
Tramway en ville / Crédit : emersonguimaraes2018 – Pixabay

La France peut-elle remporter la médaille d’or de l’écologie ?

Consciente de ces enjeux concernant la protection de l’environnement, la France s’est engagée à réduire son bilan carbone lors de la prochaine édition des JO qu’hébergera la ville de Paris. Mais comment compte-t-elle s’y prendre ?

Elle s’est engagée à réduire de plus de moitié les émissions de gaz à effets de serre par rapport aux Jeux olympiques de Londres en 2012. Pour ce faire, Paris a adopté un train de mesures comme la construction de sites et d’infrastructures temporaires, la baisse de production d’équipements et de produits plastiques à usage unique et leur introduction dans l’économie circulaire, ou encore l’utilisation de 100 % d’énergies renouvelables.

Jardin du Luxembourg, Paris 2024
Jardin du Luxembourg, Paris 2024 / Crédit : Solen Feyissa – Unsplash

Face à cette promesse écoresponsable, certains groupes, comme NON aux JO 2024 à Paris, ont exprimé leurs doutes. Pour eux, l’idée des Jeux olympiques écologiques relève davantage d’une propagande verte (greenwashing) que d’un objectif réaliste. Selon un bilan carbone provisoire réalisé entre 2018 et 2023 avec l’accompagnement d’un cabinet expert, la préparation des Jeux a produit 476 000 teqCO2. Les trois quarts de ces émissions sont issus de la construction et rénovations des infrastructures pérennes.

Si ces résultats sont porteurs d’espoir, c’est le bilan intégral attendu à l’automne 2024 qui permettra de savoir si les fruits auront tenu la promesse des fleurs.

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